Date : 23 avril 2024

L’effet du gel sur la vigne

Aux mois de Mars et Avril, Dimitry vigneron n’a plus que ce mot à la bouche : le gel.

 

En effet, il fait des ravages, plus ou moins graves, dans les vignes en fonction des années.

On comprend donc pourquoi d’énormes moyens sont mis en œuvre chaque année pour lutter contre le gel. C’est aux vignerons de s’unir et de trouver des solutions pour faire face et protéger leurs vignes. Découvrez comment !

Pourquoi les vignerons craignent ils le gel ?

Le gel est un fléau qui touche beaucoup de vignerons chaque année. Ils le redoutent car il peut faire d’importants dégâts pour la récolte.

Principalement au printemps, les bourgeons tout juste sortis peuvent être brûlés par le froid à partir de -2°C. Les bourgeons et les tissus embryonnaires sont brûlés et fanent. On peut estimer les dégâts à l’œil, car les bourgeons brunissent ou à l’oreille après 2 jours, car ils sèchent.

Si le bourgeon est brûlé tardivement dans sa croissance, il ne donnera pas de raisin cette année. Quand le gel intervient plus tôt dans la saison, les bourgeons d’un cep gelé peuvent repousser mais cela va entraîner des disparités de maturités difficiles à gérer pendant les vendanges.

Tout est donc une question de timing, la vigne est sensible au gel au printemps, quand les bourgeons sortent et que son cycle végétatif commence. Voici différents stades de développement du bourgeon :

pousse vigne

 

Le bourgeon en dormance, aussi appelé un oeil, il est presque entièrement recouvert par des écailles protectrices et ne craint  pas le gel.

Puis, le bourgeon dans le coton, l’oeil gonfle, les écailles s’écartent et la bourre est visible, protégée par un duvet blanc.

Bourgeon débourré appelée pointe verte : le bourgeon s’ouvre, c’est le débourrement. Les feuilles apparaissent. C’est à ce moment que le gel de printemps commence à être un risque pour la récolte.

Étalage des feuilles : le bourgeon se développe et les feuilles s’étalent une à une.
Plus le cycle de la vigne est avancé, plus le gel est un danger. C’est d’ailleurs pour cette raison que, comme les jardiniers et les agriculteurs, les vignerons craignent les Saint de glace.

Un mal nécessaire

Le gel fait tout de même partie de la vie de la vigne tout en étant un mal nécessaire. En effet, pour que la vigne soit en forme et produise de bons raisins, il faut des saisons. Le repos végétatif de l’hiver est indispensable à une bonne récolte. Le froid de l’hiver aide à limiter les maladies, par exemple les champignons à l’origine du mildiou aiment l’humidité et le froid sec empêche le développement de ces champignons. Le gel aide aussi à aérer les sols en profondeur, il améliore l’infiltration de l’eau et la vie des sols et aide le développement des racines.

Quels sont les moyens de lutter contre le gel ?

Les bougies

Les bougies, aussi appelées chaufferettes sont des blocs de paraffine dans des boîtes métalliques disposés tous les 10 mètres pour réchauffer l’air près du sol autour des vignes.

Les bougies sont plutôt adaptées aux petites parcelles, elles ne représentent pas un investissement fixe mais elles représentent tout de même un coup assez élevé.

L’aspersion

De l’eau est pompée et aspergée sur les vignes pour former un cocon de glace autour du bourgeon. Le bourgeon est protégé grâce à un type d’igloo.

La transformation de l’eau en glace produit de l’énergie et donc de la chaleur ce qui aide à maintenir la température du bourgeon à 0°C alors que la température extérieure continue à descendre.

L’aspersion nécessite très peu de main d’oeuvre et est efficace jusqu’à -9°C. C’est la technique la plus efficace et la plus respectueuse de l’environnement car elle ne pollue pas.

Les tours antigel

Des tours antigel sont parfois installées dans des vignobles pour brasser l’air. Elles ressemblent à des éoliennes et rabattent les couches supérieures d’air chaud (à plus de 10 mètres) vers le sol.

Ces tours protègent de grandes surfaces, jusqu’à 5 hectares et nécessitent peu de main d’oeuvre. Le bilan carbone pour faire fonctionner ces hélices est très respectable.

 

Le vigneron doit s’adapter

Une fois le cépage choisi, il faut travailler en s’adaptant à celui-ci. Pour lutter contre le gel, Dimitry intervient  sur plusieurs aspects dans la vigne.

Dimitry retarde la taille de la vigne. La taille doit se faire généralement avant l’arrivée du printemps car c’est le moment où le débourrement intervient, c’est-à-dire que les bourgeons vont commencer à éclore. Si l’on taille la vigne plus tard, le cycle végétatif va être retardé, ainsi que le développement du bourgeon. Cela n’est pas réalisable sur toutes les parcelles car la taille prend beaucoup de temps, en général de décembre à mars.

Le vigneron peut aussi  lier la vigne plus tard. Le liage consiste à attacher les baguettes au fil tuteur avec un lien pour favoriser le développement des bourgeons. Si l’on retarde ce travail, les bourgeons seront plus hauts et auront moins de chance d’être attaqués par le gel.

Ensuite, le vigneron  adapte aussi son travail des sols ce qui peut être très important pour anticiper le risque de gel. Éviter l’humidité est le mot-clé ici car celle-ci participe à la chute des températures.

Tout d’abord, en évitant le labour avant un épisode de gel annoncé par la météo, il diminue l’humidité dans le sol. L’herbe est aussi un facteur important à prendre en compte car elle augmente fortement l’humidité. Si l’on limite le développement de l’herbe dans les rangs, les bourgeons seront moins exposés au risque de gel. Il faut donc labourer, mais au bon moment !

 

Pour conclure, le gel est réellement un fléau pour la vigne. Avec tous les moyens existants pour lutter, la réalité est souvent synonyme de nuits de printemps difficiles!!

Mais une réelle solidarité entre les vignerons est présente ce qui aide à surmonter ces périodes compliquées.

 

 

 

 

 

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